Le jardinage inspiré de la forêt est une idée répandue qui peut aider à créer un potager sain et productif. Mais est-ce vraiment approprié ? Pour le déterminer, examinons deux méthodes issues de cet exemple : la couverture du sol et les jardins-forêts.
Forêt en permaculture : couverture du sol
Couverture du sol : protection et nutrition
Les forêts n’ont pas besoin de fertilisation externe car leur sol est naturellement nourri par des matériaux végétaux et des déjections animales. Ce processus, en œuvre depuis des siècles, est bénéfique pour le développement des plantes qui composent ces milieux. Les jardins peuvent être amenés à reproduire ce système, mais une attention particulière doit être portée aux dynamiques forestières pour une application cohérente.
Une couverture du sol durable?
La couverture permanente des forêts n’est pas une réalité. Au printemps, les feuilles mortes ont presque entièrement disparues, le sol est souvent à nu. Pourtant, les forêts prospèrent ; ce qui invalide l’idée selon laquelle le sol ne devrait jamais être nu.
Épaisseur importante de la couverture du sol
Il est conseillé d’utiliser 30 à 40 cm de paillage pour la permaculture. Toutefois, en observant les forêts, on voit que l’épaisseur de matériaux tombés au sol n’est pas aussi importante. Au printemps, cette épaisseur est même moindre. Pour offrir une protection aux cultures sans nuire à la vie du sol, il est possible de pratiquer le « paillage progressif ». Cela implique d’écarter le paillage une ou deux semaines avant de mettre en place des cultures pour laisser le soleil réchauffer le sol et ensuite remettre le paillage. Par ailleurs, l’épaisseur de couverture peut être plus importante qu’en forêt pour compenser la protection manquante des arbres.
Forêts et jardins-forêts
Les jardins-forêts sont très populaires et peuvent être productifs à court terme, mais à moyen ou long terme, ils peuvent devenir moins convaincants car les arbres grandissent.
Légumes et plantes de forêt : les différences
Les forêts ont une strate basse de végétation peu dense, composée principalement de jeunes pousses et d’arbustes bien adaptés à ce milieu. Par contre, les légumes sont des plantes fragiles créées par l’homme et qui ne peuvent se développer correctement que dans un sol meuble. Par conséquent, prendre la forêt comme modèle absolu pour un potager n’est pas approprié.
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Les conséquences du développement racinaire des arbres
Les racines d’un arbre grandissent en même temps que l’arbre et s’étendent généralement sous sa ramure. Elles absorbent éléments nutritifs et racines des cultures proches. Les fixateurs d’azote, tels que l’aulne glutineux, l’aulne rugueux, le robinier faux-acacias et l’argousier, peuvent enrichir le sol mais cet azote ne sera disponible qu’une fois les feuilles tombées et décomposées. Ainsi, leur effet sur les cultures reste limité.
Problèmes d’ombrage
La canopée dense fait que peu de lumière pénètre le jardin-forêt. Au début, cette ombre peut même être profitable pour les cultures potagères. Cependant, au fil des années, elle devient trop importante et recouvre tout le jardin. Les légumes fruits sont très sensibles à l’obscurité et ne parviennent pas à se développer correctement. Les raisons sont claires lorsque l’on observe les plants de tomates à l’ombre d’un cerisier de quinze ans dont les racines entrent en concurrence avec celles du cerisier.
Fin de l’article
La couverture du sol doit être étudiée en fonction de divers facteurs, tels que le sol, le climat, etc. Il est important d’éviter de l’imposer comme un dogme. Les arbres sont bénéfiques pour la biodiversité et sont ornementaux, mais il est recommandé de les placer à distance des cultures. Les arbustes peuvent être intégrés au potager, mais attention à leur développement futur. L’analyse objective des choses est toujours plus avantageuse que l’obéissance aveugle à un dogme. Les commentaires, réflexions et expériences sur le sujet sont les bienvenus.